Hypnose Ericksonienne vs. Hypnose Elmanienne : quelles différences, quels atouts ?

Introduction
L’hypnose est souvent perçue comme un seul et même outil, une sorte de “transe magique” qui marcherait toujours de la même façon. En réalité, il existe plusieurs approches. Deux d’entre elles sont particulièrement répandues en hypnothérapie moderne : l’hypnose Ericksonienne et l’hypnose Elmanienne.
Elles portent le nom de leurs créateurs : Milton Erickson d’un côté, Dave Elman de l’autre. Si elles poursuivent le même but – faciliter le changement grâce à l’inconscient – leurs méthodes et leurs styles sont très différents.
L’hypnose Ericksonienne
Milton Erickson (1901–1980) est souvent considéré comme le père de l’hypnose moderne. Atteint très jeune par la poliomyélite, il a dû réapprendre à bouger et à vivre en s’appuyant sur ses propres ressources inconscientes. Cette expérience a profondément influencé sa vision de l’hypnose.
- Style de communication : Erickson utilise un langage indirect, permissif, parfois volontairement vague. Il emploie des métaphores, des anecdotes, des histoires pour contourner les résistances conscientes.
- Philosophie : l’inconscient est vu comme un allié, une immense réserve de ressources intérieures.
- Méthode : plutôt que de donner des ordres, Erickson “invite” la personne à entrer dans un état hypnotique par une conversation subtile.
- Points forts :
- Douceur et respect du rythme du client.
- Excellente approche pour les personnes méfiantes ou résistantes.
- Renforce la relation thérapeutique.
- Limites :
- Demande du temps, parfois plusieurs séances pour atteindre une transe profonde.
- Repose beaucoup sur la créativité et l’expérience du praticien.
L’hypnose Ericksonienne est très utilisée en thérapie brève, dans le coaching, et dans l’accompagnement psychologique.
L’hypnose Elmanienne
Dave Elman (1900–1967) était à la fois hypnotiseur de spectacle, formateur et consultant dans le milieu médical américain. Il a mis au point une méthode d’induction très rapide, destinée à des praticiens qui n’avaient pas de temps à perdre – par exemple des médecins ou des dentistes qui utilisaient l’hypnose comme alternative à l’anesthésie.
- Style de communication : direct, clair, structuré.
- Méthode : inductions rapides et standardisées (catalepsie des paupières, fractionnement, tests de suggestibilité). En quelques minutes, la personne peut entrer en transe profonde.
- Philosophie : l’hypnose est un état naturel accessible rapidement si on sait guider correctement.
- Points forts :
- Rapidité et efficacité.
- Très utile dans les contextes où l’on a peu de temps (médical, douleur aiguë, phobies).
- Permet de démontrer rapidement la puissance de l’hypnose.
- Limites :
- Peut sembler directive, voire brutale, pour certaines personnalités.
- L’accent est mis sur la technique plus que sur la relation.
L’hypnose Elmanienne est souvent utilisée en médical, pour les phobies, la gestion de la douleur, ou encore les protocoles nécessitant des transes rapides.
Comparaison des deux approches
On pourrait résumer la différence ainsi :
- Ericksonienne = l’art de la métaphore, de la subtilité, du contournement des résistances.
- Elmanienne = l’art de l’efficacité, de la rapidité, du protocole reproductible.
Quelques points clés de comparaison :
Critère | Ericksonienne | Elmanienne |
Style | Indirect, permissif | Direct, structuré |
Induction | Progressive, subtile | Rapide, efficace |
Relation | Accent sur l’alliance thérapeutique | Accent sur la technique |
Champ d’application | Coaching, thérapie, accompagnement | Médical, phobies, douleur |
Avantage majeur | Respect du rythme du client | Gain de temps, profondeur rapide |
Limite | Peut être longue, dépend de l’expérience du praticien | Moins adaptée aux personnes résistantes |
Un exemple concret
Imaginons une personne qui consulte pour une phobie des araignées.
- Avec une approche Elmanienne : le praticien pourrait induire une transe en quelques minutes, appliquer un protocole de désensibilisation, et obtenir un soulagement dès la première séance.
- Avec une approche Ericksonienne : le praticien prendrait le temps de raconter des histoires, d’utiliser des métaphores pour contourner la peur, et travaillerait davantage sur le sens profond de cette phobie.
Dans les deux cas, l’objectif est le même : réduire la peur. Mais la méthode, le rythme et l’expérience vécue par le client sont très différents.
Conclusion : deux outils complémentaires
Il ne s’agit pas de dire qu’une méthode est meilleure que l’autre.
- L’hypnose Ericksonienne est idéale pour un travail de fond, respectueux et collaboratif.
- L’hypnose Elmanienne est précieuse quand il faut aller vite, obtenir une transe profonde rapidement, ou travailler dans un cadre médical.
En réalité, le meilleur praticien est celui qui sait naviguer entre les deux, adapter son langage et ses techniques en fonction de la personne qui est en face de lui.
👉 Message final : Erickson et Elman ont chacun légué un trésor. L’art de l’hypnose aujourd’hui, c’est de savoir les combiner pour offrir un accompagnement à la fois humain, efficace et sur mesure.