Coup de gueule : les dérives de la spiritualité, entre domination et emprise (partie 1)
Depuis quelques années, je vois se multiplier des discours, des attitudes et des pratiques dans le milieu énergétique et spirituel qui me mettent profondément mal à l’aise. Moi qui ai choisi cette voie pour accompagner les autres vers plus de liberté intérieure, de bienveillance et d’équilibre, je constate que certains dérivent vers exactement l’inverse : jugement, mépris, emprise et manipulation.
Cet article est un coup de gueule, mais aussi un appel. Un appel à l’humilité, à la responsabilité et au retour au vrai sens de ce que devraient être la bioénergie, la spiritualité et l’accompagnement. Ces dérives de la spiritualité peuvent devenir des formes d’emprise et de manipulation.
1) Les dérives de la spiritualité : un vocabulaire qui enferme au lieu de libérer
J’ai entendu et je continue d’entendre des mots qui me hérissent :
- “Nous sommes évolués”
- “Nous sommes éveillés”
- “Cette personne est un portail organique”
Derrière ces phrases, il y a une logique implicite : nous (le groupe des “éveillés”) sommes supérieurs à vous (les “non-éveillés”). Cette terminologie, qu’on présente comme spirituelle, est en réalité profondément dédaigneuse et clivante.
Elle véhicule l’idée que certaines personnes seraient “vides intérieurement”, qu’elles n’auraient pas de valeur spirituelle, qu’elles seraient “moins” que d’autres.
Ce qui choque, c’est la contradiction flagrante : ces mêmes personnes prônent la bienveillance, le non-jugement, l’équité, l’amour universel. Et pourtant, leur vocabulaire est saturé de jugement, de hiérarchie spirituelle et de mépris déguisé en éveil.
Résultat ? On se retrouve avec des “éveillés” qui, au lieu de tendre la main, se sentent au-dessus de la mêlée. Leur langage devient une barrière, une façon subtile de dire : “regarde-moi, je suis plus avancé que toi.”
2 ) Emprise spirituelle : quand la formation devient un outil d’emprise
Un autre point qui me fait sortir de mes gonds, c’est la manière dont certains formateurs ou certaines formatrices dans le domaine énergétique se positionnent.
J’ai vu des étudiants mis en porte-à-faux :
- On leur apprend une méthode, mais on leur dit qu’ils ne peuvent pas l’utiliser sans l’aval du formateur.
- On leur répète qu’ils n’ont “pas le niveau requis” pour pratiquer certains soins.
- On installe l’idée que le seul moyen de progresser est de revenir vers le formateur encore et encore.
Cela crée une dépendance artificielle. L’étudiant ne se sent jamais légitime par lui-même. Il a toujours l’impression qu’il manque “quelque chose”, et que ce quelque chose ne peut venir que du “maître”.
Dans les cas les plus graves, certains vont jusqu’à capter les clients de leurs élèves : “Toi tu n’es pas encore assez formé, envoie ton client vers moi.”
On est là dans une logique qui n’a plus rien de spirituel, mais qui ressemble plutôt à une stratégie commerciale déguisée en exigence spirituelle.
3) La contradiction avec les valeurs affichées
Ces comportements posent un vrai problème de cohérence, car la plupart de ces personnes dans leurs discours prônent
- l’amour inconditionnel.
- le respect.
- la bienveillance.
- le non-jugement.
- l’équité.
- la déontologie.
Mais que font-elles concrètement ?
- Elles jugent : “celui-ci est un portail organique, celui-là n’est pas éveillée.”
- Elles méprisent : “nous sommes plus évolués que la masse.”
- Elles installent une hiérarchie où elles se placent au sommet.
- Elles pratiquent des formes subtiles d’emprise et de captation sur leurs élèves et leurs clients.
Au final, elles sont plus dans le jugement que ceux qu’elles critiquent.
4 ) Le danger des dérives spirituelles pour les personnes en recherche
Le problème, ce n’est pas seulement une question d’éthique entre praticiens.
C’est surtout que ces attitudes blessent et trompent les personnes qui viennent chercher de l’aide.
Une personne en quête de sens, fragile, en souffrance, peut se retrouver :
- humiliée par un vocabulaire qui la traite de “non-éveillée” ou de “vide”.
- dépendante d’un formateur qui joue de son autorité.
- enfermée dans un système où elle croit qu’elle n’est jamais assez “pure”, “prête”, “élevée” pour pratiquer seule.
C’est là que la spiritualité se dévoie : au lieu de libérer, elle enchaîne.
5) Mon appel : humilité, responsabilité, liberté
Alors voilà, je le dis clairement :
- La bioénergie, la spiritualité, l’hypnose, peu importe l’outil, ne sont pas là pour nourrir des égos spirituels ou créer des castes d’“éveillés” et de “non-éveillés”.
- Elles sont là pour aider chaque personne à retrouver sa force intérieure, sa liberté, sa dignité.
- Un vrai enseignant, un vrai praticien, accompagne pour autonomiser, pas pour asservir.
Être spirituel, ce n’est pas se croire au-dessus des autres.
Être spirituel, c’est rester humble, conscient que chacun est en chemin, que chacun a ses ombres, ses blocages, mais aussi sa lumière.
La véritable bioénergie, celle que je pratique et que je défends, n’est pas une question de hiérarchie, de label ou de dépendance.
C’est un langage universel qui relie, qui ouvre, qui rend libre.
Conclusion
Je ne prétends pas détenir la vérité absolue, mais je crois profondément qu’il est temps de dénoncer ces dérives, car elles salissent la bioénergie et la spiritualité. Elles trahissent les valeurs qu’elles affichent et elles manipulent ceux qui cherchent sincèrement.
La spiritualité, ce n’est pas un club élitiste.
La bioénergie, ce n’est pas une marque déposée.
Et la lumière n’est pas un outil d’emprise.
L’éveil ne se cherche pas, il se vit.
Il commence quand on choisit d’être simplement humain, humble et respectueux.